Une semaine de confinement seulement et déjà, es qualité d’avocat, plusieurs demandes de consultation aux fins de séparation et de divorce se manifestent aux portes virtuelles du cabinet, confinement et télétravail faisant. De L’homme de Loi solide à l’Humanité faillible, ou les pensées d’une cliente : Le confinement ou comment l’arrêt sur image peut-il mettre en mouvement l’avenir ?
Article :
Une semaine de confinement seulement et déjà, es qualité d’avocat, plusieurs demandes de consultation aux fins de séparation et de divorce se manifestent aux portes virtuelles du cabinet, confinement et télétravail faisant.
Ce confinement, ce regard sur soi, sur l’autre, le vécu H24 avec l’autre en permanence, amène à des révélations d’importance, des remises en question et des nouvelles questions juridiques, certaines d’ailleurs sans précédents et feront aussi couler beaucoup d’encre.
Pour autant, ce temps de confinement, immanquablement axe nouveau de réflexion d’ingénierie et d’enjeux juridiques et judiciaires passionnants pour l’Homme de Loi que je suis, doit être aussi ce temps, cet instant qui nous est si rarement accordé de, non plus de donner tout son temps pour la défense des intérêts de ses clients, mais de prendre justement du temps pour soi.
Passant de l’Homme de Loi, à l’homme tout court.
Une fois n’est pas coutume, il est question ici d’un simple échange libre avec une cliente quant à sa condition de femme, de compagne et de mère en plein confinement.
Or, il n’y a forcément rien de simple dans cet échange.
L’homme, comme la femme, porte en lui l’entière condition de son humanité.
La condition et le confinement amène des bouleversements profonds.
Des bouleversements personnels, de couple, de fait, de droit, ou le confinement devient alors un axe d’évasion et de projection.
Cet échange et cette réflexion a immanquablement touché à la fois la sensibilité juridique de l’Homme de Loi, gardien des droits et des ambitions, et à la fois la sensibilité philosophique de l’homme simple, plébéien, passionné, torturé, croyant au tabula rasa pour repartir plus fort.
Cet échange est autant de réflexion qu’elle a portée, construit et élevée au firmament de ses doutes tout comme de ses certitudes.
Difficile alors de ne pas reprendre cette pensée brute, entière, sincère et confinée, telle qu’elle.
Voici sa pensée :
Le confinement ou comment l’arrêt sur image peut-il mettre en mouvement l’avenir ?
Une semaine de confinement et les effets sur ton cercle se font déjà sentir…
Une pause, une bulle, un arrêt sur image réduisant ton tout si vaste à ton essentiel.
Libre de ton temps, prisonnier de ton espace, tu te retrouves à faire face à ton mini world et qu’en faire sinon l’inventaire ?
Premier effet du confinement passé sous silence par BFM, c’est le temps de réflexion dont tu disposes à présent.
Inutile de te leurrer davantage, la vérité devient fracassante, as tu mis les bonnes personnes dans ta bulle ? Veux tu être la ou désires tu l’ailleurs ?
Peut être celui ou celle avec qui tu partages ton quotidien aujourd’hui n’est pas celui ou celle avec lequel tu voudrais être confiné finalement et combien de temps tu pourras tenir, un jour, une semaine, une vie ?
La pandémie ne te laisse pas le temps de porter réclamation, non mais attendez, j’étais pas prêt, on la refait ?
Tu ne peux pas prendre l’air dont tu as besoin au dehors, tu dois te limiter à celui de l’intérieur, l’intérieur de ta zone de confinement, peut être même ton propre état intérieur… quelquefois tu as élaboré de fameuses stratégies pour l’esquiver, le supporter, l’excuser, le leurrer…avec l’espace ça tenait la route. Seulement le confinement ne te permet plus de t’enfuir, te nourrir de l’ailleurs, et non remplir ton caddy de Panzani ne te rassasie pas finalement, parce que rien de ce qui te manque aujourd’hui ne s’achète.
On t’a privé de cette liberté que tu ne considérais qu’à peine jusque là et l’effet est inédit, le retour à ton essentiel, si tu n’avais pas pris le temps d’y faire attention jusque la, devient pressant, hurlant de vérité.
La distance de quelques kilomètres qui te sépare d’êtres chers devient mur infranchissable pour les retrouver, ils te manquent, ils prennent plus d’importance que jamais auparavant.
C’est aussi une période qui renforce ta peur de l’extérieur, ta peur de ces autres qui deviennent menace dans chacune de leurs respirations… leur nombre, leurs comportements irrationnels de survie les menant tout droit à leur perte.
Tu mesures alors la chance d’avoir à tes côtés quelqu’un qui partage ton mode de survie, ensemble, si tu tombes, je serais la et sinon, il y a une assurance vie, quoi tu as mal à la gorge ?! … reste loin.
La peur dans les yeux de ton petit bout, qui veut que tu lui dessines un coronavirus pour qu’il le colorie, toujours la même question : « pourquoi on peut pas aller faire du vélo ? », ses sourcils qui se froncent, ses yeux qui s’assombrissent devant les nouvelles du monde de dehors…
Dehors est devenu dangereux, moi quand j’avais ton age je ne me posais pas cette question … et ça fera surement la différence dans ta façon de percevoir le monde après. Ou peut être comprendras tu avant moi que le monde dans lequel nous vivons est malade ?
Le temps que j’ai enfin, je te le consacre et le savoure, alors que tu me demandes chaque jour quand je m’habille, « Où tu vas ? », je comprends que je t’ai trop souvent laissé au reste du monde sans suffisamment regarder l’étincelle de tes yeux. Je suis là, je reste là avec toi et je voudrais pouvoir promettre que plus jamais je ne te laisserais mais je sais déjà que je ne pourrais pas tenir ma promesse quand le monde redémarrera …mais peut être que je pourrais profiter à fond de ces moments précieux avec toi et décider de faire davantage attention à l’avenir à ce qui compte vraiment pour moi ?
Comment cette parenthèse offerte par une pandémie apocalyptique peut elle être aussi belle ?
Ta bulle est imparfaite certes, mais elle te protège, elle contient du vide et beaucoup d’amour, elle te dit ce qui compte vraiment pour toi et ce dont tu ne veux plus, ta bulle sans concession te ramène à ta vérité, la seule, celle que tu ne voulais pas écouter jusque là, ton essentiel.
Alors oui, c’est un arrêt sur image, confiné dans ta bulle, tu prépares déjà ton éveil, fort de cette vision claire de ton essence pure*.
Les excuses ne tiennent plus, maintenant tu sais.
Cela a déjà un impact sur ton avenir, une onde, un mouvement.
* et si tu me dis que tu as fait le plein avant le confinement, tu sors ==>, enfin pas tout de suite, si tu sors sur le balcon, téh ! 😉
Signé : Le Phoenix confiné
Merci pour cette réflexion.
Article rédigé par Maître Laurent LATAPIE,
Avocat, Docteur en Droit,
No comment yet, add your voice below!